jeudi 17 mars 2011

La famille Africanadienne

un père et sa fille






On vous attribuera une famille, vous l’appellerez Papa et elle, Maman. Ils vous traiteront comme leur propre fille. Vous aurez des frères ou des sœurs, peut-être même les deux. Une famille élargie, bien servie par l’enfant qui usera ses mains pour blanchir vos habits. Une famille aussi large que la cour peut en prendre. Un simple visiteur devient vite un frère. Vous ferez parti e des leurs, vous tracerez des liens de parenté au cours de votre parcours.



Le foyer est allumé pour chauffer le plat du soir. La chaleur du feu se ressent jusque dans le cœur des gens. Chacun mangera à sa faim avec sa main. Ils ont travaillé fort pour mériter ce repas qui les mènera au repos. Ils ont du cœur au ventre et le cœur sur la main. C’est la famille Africaine qui apprivoise la Canadienne. Et la Canadienne qui découvre au fil du temps les us et coutumes et les drôles d’habitudes de l’Africaine. Et puis, de « fils en aiguille », on s’habitue, on s’accoutume on s’attache même à ces gens qui ne sont qu’une famille de passage.



Du métissage se tisse dans les fils de couleurs tressés pour attacher au poignet d'une soeur en qui vous trouverez une confidente. Des liens de fraternité se dessinent autour du thé. Dans la théière repose en paix le thé d’hier qui a su citer des discussions qui ne sont pas terminées. Un frère s’est ajouté à la famille Africanadienne.



Dans l’absence de lien de sang, des aires de familles s’enchantent aux rythmes des comptines que l’on échange d’un continent à l’autre. C’est ma fille dit le père à un autre, tu vois bien qu’elle me ressemble. Et malgré tant de différences, ne jouant pas l’indifférent, l’autre répond que c’est évident. Voici ton frère, et celle-là c’est ta tante. Au hasard dans la rue, on vous demandera votre nom, que vous soyez Bouda, Guigma, Cabré, Ouedraogo ou Tremblay, vous devrez ajouter que vous êtes la fille d’un tel. C’est pourquoi on dit tel père, telle fille. Tranquillement, au gré du temps, la peau noircie par le soleil, le sentiment d’appartenance endurci par les grands et petits soins, vous serez attachés à ces gens qui pourtant hier encore vous étaient étrangers.
Vous serez pour eux une porte ouverte sur le monde en autant que vous soyez vous-même ouvertes sur leur monde. Parlez leur des vôtres, parlez leur d’amour. Vous leur ferez vois du pays en histoires, en images, en chansons, en cuisine, tous les voyages commencent par un rêve qu’on peut ainsi réveiller.



On vous accorde de l’importance, on vous rend hommage par toute sorte de capacité de s’adapter. On sacrifie un nid douillet, vous êtes ici comme chez vous ; faites comme chez vous. Petit à petit, de « fils en aiguille », la gêne tombe et les gènes montent, les caractères de famille se font entendre. Pourtant au début on vous jouait le jeu. Ce n’est ni la haine ni la colère, mais plutôt la confiance qui s’installe. Faites comme chez vous, ils sont chez eux après tout.
Puis viendra le temps de partir. Quitter votre père, laisser vos repères africains si lentement apprivoisés. Il n’est jamais heureux de laisser des gens comme eux. Ceux qui pendant une des plus grande aventure de votre vie on su vous apporter un toit, de la nourriture, des rires qui déchirent la nuit, des petites attentions qui vous rassure, un bonsoir ou un bonjour qui font que vous êtes heureux d’être ici. Des gens qui dans le noir vous guidaient parce que de toute façon, vous y voyez rien. Une maman qui s’assure que vous mangez bien, un papa qui veut partager un verre avec sa fille. Malgré vos peurs et les grandes angoisses, c’est certains que cette nouvelle famille Africaine est devenue mienne. Et c’est bien malgré moi, croyez moi, que je laisse derrière un père, une mère. Avoir une famille Africaine m’a rappelé que j’aime tant ma famille Canadienne. L’amour, l’entraide, le partage et le respect sont au cœur même de ce que j’ai vécu ici. Je suis la fille de mon père, un souvenir qui perdure dans ma famille Africanadienne.



Mais je sais qu’une fois de retour au pays, quand me gagnera l’ennui, y’a une grande chose qui nous unis.
« Dit moi, me demande ma sœur, chez toi le ciel, il est comment ? »
« Ah ma sœur, lui répondis-je, tu vois le ciel est la seule chose qui soit la même ici ou chez moi. Quand je serai parti, si jamais tu t’ennuie, que ce soit le jour ou la nuit, tu peux jeter les yeux aux cieux et être certaine que regarde le même ciel que toi. Ainsi on pourra toujours, malgré la distance qui nous sépare, regarder la même chose ensemble et laisser briller dans nos yeux les étoiles que le jour n’aura pas éteintes. »

Ma soeur Karine, mon frère Joël, et ma toute petite soeur Laura.

5 commentaires:

  1. Je suis sans mot, c'est très touchant
    Des liens se sont tissés à jamais
    Ils seront dans ton coeur pour toujours

    Ta ma tante canadienne te dit ''je t'aime''
    Noëllaxxx

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  2. Salut Pourriam!
    Elle est bien chanceuse ta famille africaine.
    Je sais aussi que tu n'oulie pas ta famille Canadienne.
    On est fière de toi.
    Et salutations à Karine, Joël, Laura de notre part et au papa et à la maman.
    On t'embrasse
    papa et maman xxx

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  3. et le temps passe vite n'est-ce pas...tu nous decris bien le sentiment d'appartenance qui vous a sans doute tous gagné...et la, vous allez revenir au pays, la tête remplie d'images, de visages, de moments. inoubliable pour vous tout ca. profites bien du temps qu'il te reste la bas et continue "d'enjoyer" ces africains! j'ai ben hate de te voir, toi et ton bronzage africain belle amie!je penses qu'on va se trouver blême face a toi mais cé pas grave, le printemps est arrivé et le soleil aussi pour nous remettre de la couleur aux joues!!
    a bientot!!! caro xxx

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  4. Allo ma belle Manue!
    J'étais partie pour une semaine et je viens de me mettre à jour dans la lecture de ton aventure. Eh bien ton récit sur ta nouvelle famille africanadienne m'a tiré les larmes, très touchant, et je suis contente que tu aies trouvé une famille qui s'occupe aussi bien de toi et qui t'aime. Tu salueras mes nouveaux neveux et nièces :) ils sont très beaux. Dis à tes parents africains qu'on les remercie beaucoup de tout ce qu'ils font pour toi. Pour le moment tu fais la fierté de tes parents gaspésiens, c'est certain! :)
    Je t'embrasse fort Xx
    On t'aime Carmelle et Roland

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  5. Wow!!! Ça c'est la plus belle expérience de vie que j'ai lu . Je crois que l'importance d'une expérience se quantifie avec les liens créés. Rewow, je suis émue. Émue pour toi qui vit cela, émue pour moi qui redonne un sens à la vie à chacune de tes lectures, émue d'avoir une amie aussi vraie et sensible que toi.
    Merci de partager cela, d'ouvrir ton coeur et de si bien l'écrire.
    MERCI
    Agathe xxx

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