jeudi 17 février 2011

LES CINQS SENS DE L'AFRIQUE

Les cinq sens de l’Afrique
Il est 5h00 du matin, l’éveil des sens commence. On appel à la foi. La mosquée fait entendre sa prière, les musulmans posent le front au sol. L’église catholique fait tinter ses cloches pour rappeler que Dieu est grand. Et le coq chante, une fois, deux fois, trois fois, pis encore et encore… parce que y’en a des dizaines et des dizaines de coq… on ne viendra pas à bout de tous les manger alors ils chantent ! C’est déjà le matin, j’ai pourtant l’impression que la musique qui résonnait sur mon toit de taule cette nuit vient tout juste d’arrêter. Quand le soir s’achève, l’aurore se lève. Au loin, quelqu’un écoute une radio juste assez fort pour que je ne puisse reconnaître les mots. J’entends ma Mama Africaine brasser vigoureusement le Tô (plat typique) et puis un chien jape et un autre lui répond. Manga s’éveille dans mes oreilles.
J’ouvre ma porte pour laisser entrer la lumière du jour. Ce jour qui prend toujours du temps à se lever offre une lumière incertaine, pleuvra-t-il ? Devant ma porte un arbre à fruit dont j’oublie toujours le nom m’offre un peu plus de couleurs de jour en jour. Un fruit vert est devenu rouge, le soleil à fait œuvre. L’Afrique offre tant beautés mais les sols aride de Manga et le temps sec recouvre tout d’une poussière rouge. Une ville où il n’y a pas de collecte de déchets propose un paysage de dépotoir. Un milieu de vie insalubre où il devient primordial de regarder où on pose le pied. Mes yeux s’ouvrent sur le jour, mais cherchent le sourire chaleureux d’un habitant de ma cours. La beauté des gens est pure. Vêtus de ses plus beaux habits, cette dame déambule dans le vilage portant sur sa tête son gagne pain. Elle a la tête haute et le dos bien droit. Couleurs chaudes pour la saison, un peu de brillance, quelques broderies et bien sûre, une chevelure sans faux plis. L’Afrique offre à mes yeux ses beautés.
Les enfants éveillent mon sens du touché. Je suis pour eux une curiosité, cette curiosité qu’il faut toucher pour y croire. Ils se dirigent vers nous en tendant la main. Ce n’est ni une bonne poignée de main qui se veut une bonne salutation, ni un touché trop curieux, on nous serre la main, voilà tout. Pourtant ici, les amoureux ne marchent jamais mains dans la main, jamais on ne s’embrasse, très peu on touche les gens. Mais les enfants des rues de Manga éveillent mon sens du touché.
Mon odorat est réveillé par le marché. Je découvre des odeurs qui jusqu’à maintenant m’étaient inconnues mais qui maintenant me rappelleront l’Afrique. Une odeur de mil qui fermente pour le dolo, boisson enivrante, odeur interdite. L’odeur de la viande qu’on cuit sur la braise, poissons frits, arachides pilées. Les légumes frais du marché, récolte d’un travail laborieux d’une trentaine de femmes aux champs. Odeur d’oignon, parfum d’épices, arôme du soumbala, le sentez vous que ça sent bon ?
Ces odeurs toujours liés aux goûts. Ici, tout se mange, rien ne se perd. Les goûts se suivent et se ressemblent tous. L’Afrique goûte bon à toutes les sauces. Sauce tomates, sauce arachides, sauce poisson. Le tô qui ne goûte rien ou le piment qui sait se faire remarquer. Le goût réconfortant de quelque chose de chez nous, les goûts qui nous font virer de bord ou ceux pour lesquels ont laisserait notre dernier franc… des pringles (c’est les seuls chips qu’on trouve ici). Le goût amer de devoir encore manger du riz sauce… ou encore, le goût de revenez-y quand on ne sait pas c’qu’on mange. Le goût d’en ouvrir une autre quand on touche le fond d’une Brakina (bière d’ici). Tous les goûts sont dans la nature. Ici la nature est épicée dans les tons de rouge.
L’Afrique éveil mes sens, l’Afrique réveille mon sens.
Quand le soir venu je m’endors sur le rythme de la fiesta d’à côté, je sais que je vais rêver du Québec. Mais quand le coq se remettra à chanter, je me souviendrai que je suis en Afrique en train de sentir l’expérience, de toucher le bout du monde, de voir un autre pays, d’entendre un autre rythme, de goûter à la vie !
En voulez vous une bouchée ?

5 commentaires:

  1. salut manue, on arrete pas de se dire comme tu as une belle plume ma belle amie....cé l'fun de te lire, pendant un instant, on s'y croirait presque. ici tout va bien, je commence a attendre le printemps( je sais, il est tot hihih) mais quand même, l'hiver est bon avec nous. tu sais quoi? ya bizon et marie qui attendent un ptit papout. ben oui!!! pis a part ca, ben la musique est repartie pour nous, on est vraiment content.

    bon et bien je te laisse en t'envoyant de gros becs et un gros colleux! prends soin de toi et amuses toi bien, je t'aime caro xxx

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  2. je t'aime aussi Caro !
    Embrasse Bison et Marie pour moi

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  3. Merci pour cette saveur Africaine
    Merci pour la couleur Africaine aussi
    Merci pour les images qui ont fait le voyage jusqu'ici sans changer de couleur
    Merci pour le sens que tu donnes à ton voyage, un nouveau sens, presqu'une essence, tellement les mots sentent la terre rouge et le soleil levant.
    Continue de nous écrire.
    Et on dira; tel père telle fille!
    on t'embrasse Papa Maman xxx

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  4. Manue tu écris merveilleusement bien. Tu est mon auteure de l'hiver 2011. Merci d'être aussi généreuse et de partager ces moments avec nous. Ton dernier texte sur les cinq sens de l'Afrique me rappelle la plume de Patrick Suskind dans son roman; Le parfum. Tu as vraiment beaucoup de talent pour l'écriture Manue, bravo!
    Nancy XXX
    Nancy

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  5. J'adore ce texte, c'est mon préféré. Continue d'écrire, on s'y croirait.

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